vendredi 4 février 2011

Escale au Cap Vert – Bientôt le grand départ !

Notre séjour au Cap Vert touche à sa fin, notre petit Koh Lanta à nous s’achève et nous avons gravit un échelon supplémentaire sur l’échelle des aventuriers ! Désormais, nous savons reconnaître les plants de manioc et d’igname, cela pourra toujours servir sur une île déserte…
Mougika a retrouvé sa bôme, grâce à l’aide d’un plaisancier. Cela nous a tellement remotivé que depuis nous n’arrêtons pas de travailler sur le bateau. Sébastien a entrepris la confection d’une nouvelle pale pour notre régulateur d’allure que nous avions perdue en mer. Encore un peu de peinture et quelques points de soudure et cela sera finalisé pour le départ. Si ça fonctionne ce sera du confort supplémentaire pour la longue route. De mon côté je deviens experte dans l’art de la couture et fabrique des housses pour un peu tout !

Viet, notre sauveur, en pleine action !
Et voila le résultat !



Lors de notre arrivée à Mindelo, la seconde ville principale de l’archipel, nous avons été très surpris par la différence de niveau de vie des habitants par rapport aux endroits que nous avions visité auparavant. Ici, pas de douches ou de robinets publics, pas d’ânes, ni de poules dans les rues, pas de puits pour le lavoir, pas d’ordinateurs à disquettes dans les cybers café… L’unique marina de l’archipel a été implantée ici par un ancien plaisancier allemand. Les installations sont assez coquettes et tout un complexe luxueux piscine, club, restaurant, l’entour. Nous retrouvons la praticité d’un véritable ponton pour « garer » l’annexe avec surveillance 24h/24. Nous redécouvrons le plaisir de l’internet en Wifi dans certains cafés et utilisons le lavomatic high tech installé à quelques pas de la. Toutefois cela nous surprend tellement par rapport à nos précédentes expériences que nous avons l’impression d’avoir changé de pays.


Nous avons même un voisinage de premier choix, le navigateur Jean Le Cam qui a pris la route depuis Barcelone pour une course au tour du monde sans escale par les 3 caps est venu se réfugier ici suite à un démâtage. Nous avons eu également l’occasion de visiter l’un des deux célèbres 3 mâts français de l’association Bel Espoir, en escale à Mindelo avant la grande traversée.
 

Depuis les 2 dernières semaines, nous nous sommes tout de même accordé 4 jours de « vacances », loin de Mougika. Le mouillage est réputé sur ici et comme il est très proche de la marina on bénéficie un peu de sa surveillance. C’est donc en toute confiance que nous avons changé de moyen de locomotion pour emprunter le ferry qui relit l’île de Sao Vicente ou nous sommes actuellement, à l’île de Santo Antao, connue pour être la plus belle de l’archipel.

On navigue sans avoir rien à faire ! C'est les vacances !
Dès la sortie du ferry, des dizaines de chauffeurs d’aluguer nous assaillent pour proposer leurs services. Nous avions décidé de visiter principalement le nord de l’île, au rythme de nos petites jambes… On se laisse déposer par l’un des taxis collectifs au pied d’un cratère. Nous voila parti pour monter notre premier col et vont s’en suivre 3 jours de grimpettes et de dévalements successifs.
L'incroyable vallée de Paul


Nous avons découvert sur cette île des sites époustouflants, une agriculture très dense et pour la plupart réalisée en terrasse. Nous avons arpenté des chemins pavés sur des kilomètres et des kilomètres. Je crois que nous venons de trouver un lieu unique ou la main de l’homme n’abîme pas le paysage mais contribue à l’embellir. Le travail réalisé sur plusieurs générations continue à être valorisé et entretenu, ce qui donne au lieu une certaine magie.





Lors de notre rando le long d’un sentier côtier, nous avons découvert dans chaque vallée de nombreux villages ou le seul moyen d’y accéder est un sublime chemin pavé. Les habitants marchent à nos côtés (pas au même rythme !) pour se fournir en marchandise d’un village à l’autre.
Village de Fontainhas



Livraison de gaz au village voisin



Pour finir notre périple, nous avons passé notre dernière nuit dans la jolie ville de Ponta do Sol, ville en plein essor touristique, grâce à la bienveillance de 2 touristes autrichiens qui avaient loué un aluguer à la journée. Nous marchions le long d’une petite route et désespérions en voyant la hauteur du nouveau col à franchir… Ils nous ont embarqués avec eux (par pitié…), et le chauffeur nous a servi de véritable guide touristique pour la fin de journée.




Ville de Ponta do Sol

Entrée sportive au port


Elevage intensif de porc
Pour passer le temps en attendant le ferry, Sébastien s’est offert une nouvelle coupe de cheveux et un rasage à l’ancienne chez le barbier local. C’était vraiment un moment sympathique car le pauvre ne savait pas du tout comment s’y prendre avec ses cheveux. Il me demandait sans arrêt si c’était bien comme il faisait et si c’était ce qu’on voulait. Au final il s’en est plutôt très bien sorti. Il nous a demandé la somme de 250 escudos pour la coupe et le rasage, soit moins de 2,50 euros !
4 jours loin de Mougika ont été bien suffisants. Nous étions contents de nous changer les idées mais sommes tout aussi heureux de retrouver notre petit chez nous. C’est donc tout courbaturé, mais plein de beaux souvenirs, que nous avons repris nos occupations sur le bateau. Depuis notre retour un fort vent est revenu, les journées sont plutôt grises et parfois il pleut même un peu. Les habitants sont très surpris du temps que nous avons. Nous nous étions habitués à nos 30 degrés ainsi qu’à notre dose de soleil quotidienne. Aujourd’hui cela n’a pas du dépasser les 25°C… Il est temps pour nous de penser au départ, sinon on risque le rhume !

Encore quelques courses à faire et les derniers détails à régler et nous devrions prendre la mer lundi. Nous irons passer une nuit à la marina (et une seule étant donné son tarif !) pour faire les pleins et ensuite ce sera le grand départ, la grande traversée, un océan à franchir !

Tout ce qu’on ne vous a pas encore dit sur le Cap Vert mais que nous n’oublierons pas :
Le vent : constant, incessant, parfois violent, il arrive par rafales et les moments d’accalmies sont rares. Nous subissons une moyenne de 20 nœuds au quotidien. Cela rend les mouillages fastidieux et de nombreux mètres de chaînes sont souvent nécessaires pour peu de fond. Par chance, nous n’avons jamais dérapé mais à 2 reprises notre annexe a risqué la noyade, moteur compris ! Mais bon, comme on dit, « qui n’aime pas le vent, n’aime pas la voile » !
La navigation : il ne manque jamais de vent mais cela ne la facilite pas pour autant. Les effets de sites peuvent provoquer un changement de vent brutal ainsi qu’une augmentation. De plus les îles sont réputées pour être très mal cartographiées comme nous avons pu le constater. Il faut donc rester très vigilant.
La poussière : cela peut sembler ridicule comme thématique mais elle fait partie de notre vie quotidienne ici. Toujours à cause de ce fameux vent qui transporte le sable du Sahara et d’ailleurs, jusqu’au moindre recoin de notre bateau.
L’eau : denrée rare et précieuse. Sa qualité (et sa couleur) varie en fonction des îles. Il paraît toutefois qu’elle est potable, nous ne l’avons pas testé… Cependant on a toujours réussi à s’en procurer, souvent contre quelques sous, à l’aide de jerrycans.
L’alimentation : le nombre de mercearia (épicerie) est très important, mais le choix est limité. Il n’y manquera jamais de grog ou autres alcools, mais pour manger cela se complique. La base de l’alimentation est le poisson (assez bon marché), pour la viande ce qu’on trouve le plus est en surgelé : des cuisses de poulet ou du porc. On trouve les produits de base et un choix important de légumes secs et pois divers dont on ne connaît pas les secrets de cuissons. Les fruits et légumes ont un prix variable en fonction de la production de l’île. De manière générale les produits que nous avons l’habitude de consommer (quand on les trouve) sont plus cher que chez nous. Au final, nous nous sommes rendus compte qu’il était parfois plus économique pour nous de dénicher la petite cantine populaire ou l’on déguste le fameux plat local, la cachupa, un mélange de pois et autres accompagné de poisson, œufs ou chorizo… L’aspect peu paraître rebutant, mais c’est vraiment bon et pour moins de deux euros vous n’avez même plus de place pour un dessert !
La fameuse cachupa
Le bruit : tout comme le vent, il est omniprésent. De manière générale, on pense que c’est une culture assez festive, mais en ce moment ce doit être le summum. En effet nous sommes en pleine période électorale (les élections ont lieu dimanche) et ici il n’y a apparemment pas de loi sur la parité du temps de parole. La popularité du parti semble se faire par le nombre de watts diffusés. Quelques soit le lieu, des aluguer sont customisés aux couleurs du parti et transportent la bonne parole sous une multitude d’enceintes abrutissantes, l’écho remontait même dans nos vallées désertiques lors de nos randos. A l’heure ou l’on vous écrit ce message, 2 scènes pour 2 partis, s’affrontent à coup de son dans la baie de Mindelo, la nuit ne sera pas paisible pour nous.
La diversité des îles : que vous soyez plutôt plage, ou plutôt montagne, le tout est de savoir ce que vous souhaitez pour bien choisir vos îles avant de venir. Chacune a son charme, il serait dommage de n’en visiter qu’une. Le transport à l’intérieur même des îles et très facile et bon marché (négociation oblige) avec les aluguer. Les voyages inter-îles se font en ferry ou en avion et en fonction de la destination cela semble plus ou moins fastidieux.


Pour finir, nous sommes ravis de ne pas avoir manqué cette escale malgré tout ce qu’on entend dire sur l’insécurité dans ce pays. Certaines précautions sont à prendre mais comme de partout. Notre seul regret c’est la langue qui nous a parfois bloqué dans nos contacts avec les habitants.
Il ne nous reste plus qu’à vous donner RDV dans une bonne vingtaine de jours pour de nouvelles aventures. Le prochain message devrait être posté de l’île de Grenada, au sud des Antilles, ou bien d’ailleurs… Le vent nous le dira !